Si je le pouvais je boirais tes larmes
Si je le pouvais, je boirais tes larmes est une exposition qui éprouve les corps. De cette promesse qui s’érige en nous découle un espace à arpenter. Comme un pacte scellé avec l’autre, elle résonne dans tous les recoins de l’exposition. Chaque image, chaque œuvre, est un palimpseste* d’émotions, une inscription des luttes internes et des aspirations inassouvies. Les encres, qui se diffusent et s’entremêlent sur les surfaces, incarnent un flux où se mêlent érotisme et douleur. Loin de se réduire à une simple représentation, l’encre devient une métaphore de la profondeur des désirs inarticulés. Fuyante et fluide, elle symbolise cette impossibilité de figer l’élan. Quentin Fromont propose une déconstruction des formes : les silhouettes se délitent, se recomposent. Ce processus de dissolution rappelle l’expérience de la fragilité physique, celle d’un corps malade, vulnérable, et pourtant toujours en quête de contact. Les encres, ce sont donc elles qui guident le récit. Elles circulent pour nous faire entrevoir des mondes. Dans cette immersion de chair et d’encre, l’exposition se déploie comme un théâtre de la vulnérabilité.
Quentin Fromont est un artiste-conteur. Ses textes reflètent ses propres expériences, notamment ses jours passés à l’hôpital, où il s’invente des mondes de fantasmes. À travers ces récits, il crée une intimité tangible, où chaque œuvre devient le reflet de ses luttes intérieures, un écho de ses réflexions. Elles se déploient comme des paysages, où les frontières entre le réel et l’imaginaire s’effacent, où les lignes du corps se fondent dans le vide. On y trouve des réminiscences de mythes anciens, des éclats de souvenirs de cruising, et des échos de pulsions qui vibrent encore. Et dans leur composition éparse, elles laissent entrevoir des bribes de récits inachevés, des confessions à demi murmurées. Quentin Fromont trace des chemins intimes et brûlants, invitant les spectateur·ices à se perdre, à ressentir plutôt qu’à comprendre. Il ouvre une brèche dans laquelle nous nous faufilons, devenant alors des confident·es conscient·es. Dans cet espace, le regard ne juge plus : il frôle, effleure, plonge dans l’ombre de chaque pli de peau, de chaque trait d’encre qui semble vouloir s’échapper. Ce qui paraît déliquescent est en réalité une invitation à contempler ce que les mots ne parviennent pas à cerner : une douleur douce, une tendresse âpre.
Il n’y a pas de vérité unique, seulement une multitude de voix et de corps qui racontent l’histoire. Celle d’une masculinité libérée, en dialogue constant avec le désir. Un engagement sur les masculinités et l’homosexualité, non comme des identités figées, mais comme des états fluides, hantés par des tensions et des contradictions. Quentin Fromont sonde l’intimité masculine, non pas pour en dresser une image monolithique, mais pour en révéler la complexité.
Salomé Fau
*Le mot palimpseste désigne, un parchemin ou un manuscrit sur lequel le texte initial a été effacé pour permettre une nouvelle écriture, tout en laissant parfois transparaître des traces de l’écriture antérieure. Le terme est ici utilisé pour évoquer une superposition ou une accumulation de couches de sens, d’émotions ou d’expériences.
L’étreinte, impression sur dibond, 70 x 50 cm, 2024
Vue d’exposition personnelle,
Si je le pouvais je boirais tes larmes, Galerie le POCTB, Orléans, 2024
Écran partagé, vidéo numérique, boucle de 14 minutes, 2024
De la douleur, colonne de papier, impression laser 21 x 29,7 cm, 2024 Vue d’exposition personnelle Si je le pouvais je boirais tes larmes, Galerie Le POCTB, Orléans
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Shield, Impression sur papier métallique, 30 x 40 cm, 2024,
Vue d’exposition personnelle Si je le pouvais je boirais tes larmes, Galerie Le POCTB, Orléans
Le Minotaure,
transfert photographique sur plâtre,
75 x 114 x 3 cm,
2024